La malaria reste une maladie mortelle dans de nombreuses régions du monde, et le Primaquine joue un rôle clé dans son traitement. Mais ce médicament n’est pas le seul disponible. Beaucoup de patients et même de médecins se demandent : est-ce vraiment le meilleur choix ? Existe-t-il des alternatives plus sûres, plus efficaces, ou moins chères ? La réponse n’est pas simple. Tout dépend du type de malaria, de votre historique médical, et même de votre lieu de résidence.
Qu’est-ce que le Primaquine ?
Le Primaquine est un antipaludique utilisé depuis les années 1950. Il appartient à la famille des 8-aminoquinolines. Contrairement à d’autres traitements qui ciblent uniquement les parasites dans le sang, le Primaquine agit sur deux formes du parasite Plasmodium : celle qui cause les symptômes aigus, et celle qui se cache dans le foie - ce qu’on appelle les hypnozoïtes. C’est la seule classe de médicaments capable d’éliminer ces formes dormantes, ce qui empêche les rechutes, surtout pour la malaria causée par Plasmodium vivax ou Plasmodium ovale.
Il est souvent prescrit en combinaison avec d’autres antipaludiques comme la chloroquine ou l’artémisinine. Sans Primaquine, un patient traité pour une malaria vivax peut rechuter plusieurs semaines ou mois plus tard, même si les symptômes ont disparu.
Le problème ? Le Primaquine peut causer une hémolyse sévère chez les personnes atteintes d’un déficit en G6PD - un trouble génétique courant chez les populations d’Afrique, du Moyen-Orient et d’Asie du Sud-Est. C’est pourquoi un dépistage est obligatoire avant toute prescription.
Alternative 1 : Chloroquine + Primaquine (la combinaison classique)
La chloroquine reste le traitement de première ligne pour la malaria vivax dans de nombreuses régions, sauf là où le parasite est résistant (notamment en Papouasie-Nouvelle-Guinée et en Indonésie). Mais la chloroquine seule ne touche pas les hypnozoïtes. C’est pourquoi elle est toujours associée au Primaquine.
Le schéma typique : 14 jours de Primaquine à 15 mg/jour, après 3 jours de chloroquine. Ce protocole réduit les rechutes de plus de 95 %. Mais il pose un problème : la durée. Beaucoup de patients arrêtent le traitement avant la fin, surtout s’ils se sentent mieux après quelques jours. C’est une erreur fréquente qui mène à des rechutes.
Alternative 2 : Tafenoquine (Krintafel)
La tafenoquine est la première vraie alternative au Primaquine depuis 70 ans. Approuvée par la FDA en 2018, elle est aussi efficace pour éliminer les hypnozoïtes, mais avec un avantage majeur : un seul comprimé à prendre en une fois.
Contrairement au Primaquine, qui nécessite 14 jours, la tafenoquine se prend en monodose. Cela augmente considérablement l’adhésion au traitement. Les études montrent qu’elle réduit les rechutes de 88 à 90 %, contre 85 à 90 % pour le Primaquine sur 6 mois.
Elle n’est pas sans risque. Comme le Primaquine, elle peut provoquer une hémolyse chez les patients déficients en G6PD. Le dépistage est donc obligatoire. Elle est aussi contre-indiquée chez les femmes enceintes, les nourrissons et les personnes atteintes de troubles psychiatriques. Son prix est plus élevé - environ 200 à 300 € en Europe - ce qui limite son accès dans les pays à revenu faible.
Alternative 3 : Atovaquone-proguanil (Malarone)
L’atovaquone-proguanil est principalement utilisé comme traitement prophylactique, mais il est aussi efficace contre les formes aiguës de malaria. Il agit sur les parasites sanguins, mais pas sur les hypnozoïtes. Cela signifie qu’il ne prévient pas les rechutes.
Si vous avez une malaria vivax et que vous ne pouvez pas prendre de Primaquine (par exemple, parce que vous êtes déficient en G6PD), l’atovaquone-proguanil peut être utilisé pour traiter l’épisode aigu. Mais vous devrez alors suivre une surveillance étroite pendant plusieurs mois, car une rechute est possible. Il n’est pas recommandé comme solution unique pour les infections à Plasmodium vivax ou ovale.
Alternative 4 : Artémisinines et dérivés (ACT)
Les traitements combinés à base d’artémisinine (ACT) sont la norme mondiale pour la malaria à Plasmodium falciparum. Mais ils ne sont pas efficaces contre les hypnozoïtes. Même si vous traitez une infection vivax avec un ACT, vous devrez toujours ajouter un médicament qui cible les formes hépatiques - donc, soit du Primaquine, soit de la tafenoquine.
Les ACT ne remplacent pas le Primaquine. Ils le complètent. Dans les zones où la résistance à la chloroquine est élevée, les médecins combinent souvent un ACT avec du Primaquine. C’est devenu la nouvelle norme dans de nombreux pays d’Asie du Sud-Est.
Alternative 5 : Méfloquine
La méfloquine est un antipaludique puissant, utilisé pour la prophylaxie et le traitement. Elle est efficace contre les formes sanguines de toutes les espèces de Plasmodium, mais elle n’a aucun effet sur les hypnozoïtes. Comme l’atovaquone-proguanil, elle ne prévient pas les rechutes.
Elle est parfois prescrite en combinaison avec du Primaquine pour les patients qui ne tolèrent pas la chloroquine. Mais elle présente des effets secondaires neurologiques importants : vertiges, troubles de l’humeur, hallucinations. Elle est déconseillée chez les personnes ayant un historique de troubles psychiatriques. Son usage est de plus en plus limité en raison de ces risques.
Comparaison rapide : Primaquine vs alternatives
| Traitement | Élimine les hypnozoïtes ? | Durée | Dépistage G6PD requis ? | Effets secondaires majeurs | Prix estimé (Europe) |
|---|---|---|---|---|---|
| Primaquine | Oui | 14 jours | Oui | Hémolyse (si G6PD déficient), nausées | 10-25 € |
| Tafenoquine | Oui | 1 comprimé | Oui | Hémolyse, troubles psychiatriques | 200-300 € |
| Chloroquine seule | Non | 3 jours | Non | Vertiges, troubles visuels | 5-15 € |
| Atovaquone-proguanil | Non | 3 jours | Non | Nausées, maux de tête | 80-120 € |
| Méfloquine | Non | 3 jours | Non | Vertiges, anxiété, hallucinations | 40-70 € |
Quand choisir le Primaquine ?
Le Primaquine reste la référence pour les patients sans déficit en G6PD, surtout dans les zones à faible revenu où le coût est un facteur décisif. Il est le seul médicament disponible dans les programmes de santé publique dans des pays comme l’Inde, le Bangladesh ou le Brésil. Il est aussi le seul à être disponible sous forme générique à très bas prix.
Si vous vivez dans une région où la malaria vivax est courante, et que vous avez déjà eu une rechute, le Primaquine est probablement votre meilleure option - à condition d’être testé pour le G6PD.
Quand choisir une alternative ?
La tafenoquine est idéale pour les voyageurs ou les patients qui ont du mal à suivre un traitement de 14 jours. C’est aussi un bon choix pour les personnes qui vivent loin des centres de santé et qui ne peuvent pas revenir pour un suivi.
Si vous êtes déficient en G6PD, vous ne pouvez pas prendre de Primaquine ni de tafenoquine. Dans ce cas, l’atovaquone-proguanil ou un ACT avec surveillance stricte est la seule option. Vous devrez vous faire suivre pendant au moins 6 mois après le traitement, avec des contrôles réguliers.
La méfloquine n’est plus recommandée comme traitement principal pour la malaria vivax. Elle est trop risquée pour un bénéfice limité.
Que faire si vous avez une rechute ?
Si vous avez déjà pris du Primaquine et que vous avez une nouvelle crise de malaria, deux scénarios sont possibles :
- Vous avez été mal traité : le traitement n’a pas été complet, ou vous avez arrêté trop tôt.
- Vous avez une résistance au Primaquine : un phénomène rare, mais observé en Papouasie-Nouvelle-Guinée et en Thaïlande.
Dans les deux cas, il faut faire un nouveau test de dépistage du G6PD et un examen parasitologique. Si la résistance est suspectée, la tafenoquine peut être utilisée en deuxième ligne - même si les données sont encore limitées.
Les erreurs courantes à éviter
- Ne pas faire le test G6PD avant de prescrire le Primaquine - c’est une erreur médicale fréquente.
- Arrêter le traitement après 3 jours parce que les symptômes ont disparu - les hypnozoïtes survivent.
- Penser que la chloroquine seule suffit pour une malaria vivax - elle ne prévient pas les rechutes.
- Prescrire de la méfloquine comme traitement principal - ses risques dépassent ses bénéfices.
- Utiliser l’atovaquone-proguanil comme traitement unique sans surveillance - il ne protège pas contre les rechutes.
Prochaines étapes pour les patients
Si vous avez été diagnostiqué avec une malaria vivax ou ovale :
- Exigez un test de dépistage du déficit en G6PD - c’est une étape obligatoire.
- Si le test est négatif, discutez avec votre médecin entre Primaquine et Tafenoquine.
- Si le test est positif, demandez un protocole alternatif avec surveillance prolongée.
- Ne prenez jamais un antipaludique sans connaître son mode d’action et ses risques.
La malaria n’est pas une maladie à traiter à la légère. Un traitement incomplet peut vous rendre malade à nouveau - ou mettre d’autres personnes en danger. Le bon choix dépend de votre corps, de votre histoire, et de votre accès aux soins. Le Primaquine n’est pas parfait, mais il reste indispensable. Et les alternatives existent - mais elles ne remplacent pas toujours.
Le Primaquine peut-il causer une anémie ?
Oui, mais uniquement chez les personnes ayant un déficit en G6PD. Ce défaut génétique rend les globules rouges vulnérables à la rupture (hémolyse) lorsqu’ils sont exposés au Primaquine. Cela peut entraîner une anémie sévère, parfois mortelle. C’est pourquoi un test de dépistage est obligatoire avant toute prise de ce médicament.
La tafenoquine est-elle plus efficace que le Primaquine ?
Elle est aussi efficace, voire légèrement supérieure dans certains cas. Les études montrent qu’elle réduit les rechutes de 88 à 90 %, contre 85 à 90 % pour le Primaquine. Son avantage principal n’est pas l’efficacité, mais la simplicité : un seul comprimé contre 14 jours. Cela augmente l’adhésion au traitement.
Peut-on prendre du Primaquine pendant la grossesse ?
Non. Le Primaquine est contre-indiqué pendant la grossesse et l’allaitement. Il peut causer des dommages au fœtus ou au nourrisson. Les femmes enceintes atteintes de malaria vivax doivent être traitées avec de la chloroquine, puis surveillées étroitement après l’accouchement pour un traitement ultérieur avec Primaquine ou tafenoquine.
Le Primaquine est-il disponible en générique ?
Oui, et c’est l’un de ses principaux atouts. Le Primaquine est disponible en générique dans la plupart des pays, à un coût inférieur à 1 € par comprimé. Cela en fait le traitement le plus accessible pour les programmes de santé publique dans les pays à revenu faible.
Pourquoi ne pas utiliser la méfloquine comme traitement principal ?
La méfloquine ne traite pas les formes dormantes du parasite (hypnozoïtes). Elle ne prévient donc pas les rechutes. De plus, elle a des effets secondaires neurologiques graves : anxiété, dépression, hallucinations. Son usage est désormais limité à des cas très spécifiques, et jamais comme traitement unique pour la malaria vivax.
3 Commentaires
Primaquine ? C’est du charlatanisme du XXe siècle. On a une pilule unique maintenant, et vous vous accrochez à 14 jours de comprimés comme si on vivait en 1957 ?
Je vois beaucoup de gens paniquer sur le G6PD, mais la réalité c’est que partout en Afrique de l’Ouest, on teste pas, on prescrit quand même. Et ça marche. Pas tout le monde a accès à un labo. Le primaquine à 1€, c’est la seule chance pour des millions. La tafenoquine, c’est beau, mais pour qui ? Pour les touristes suisses ?
Arrêtez de penser que tout le monde vit dans un hôpital avec un séquenceur d’ADN. La simplicité sauve des vies, pas la perfection.
Je suis médecin et j’ai vu des patients mourir à cause de ce que vous appelez ‘protocole classique’… Le primaquine sans test ? C’est un crime. Vous êtes des négligents. Comment osez-vous minimiser le risque d’hémolyse ?! Ce n’est pas une ‘option’ c’est une question de vie ou de mort. Et vous, vous parlez de ‘prix’ comme si c’était un café !
Et puis, ‘atovaquone-proguanil’ ? Non mais sérieux ? Vous avez lu les études ? Ou vous avez juste copié-collé le résumé du site de l’OMS ?