Points clés
- La vaginose bactérienne peut se manifester sans aucun symptôme perceptible.
- Un diagnostic repose sur le pH vaginal, le score de Nugent et le test d'amines.
- L’asymptomatique augmente les risques de complications pendant la grossesse.
- Le métronidazole reste le traitement de première ligne, même en absence de symptômes.
- Prévenir le déséquilibre du microbiote passe par une hygiène adaptée et l’évitement d’antibiotiques inutiles.
La vaginose bactérienne est une infection vaginale fréquente due à un déséquilibre du microbiote touche de nombreuses femmes chaque année. Bien que la plupart associent ce trouble à des odeurs ou des pertes inhabituelles, il arrive qu’il se développe sans aucun signe extérieur. Ce phénomène, appelé asymptomatique, soulève de vraies questions : comment le détecter, quels risques il représente et pourquoi même sans gêne il faut le traiter?
Qu’est‑ce que la vaginose bactérienne ?
La vaginose bactérienne résulte d’un déséquilibre entre les lactobacilles, bactéries bénéfiques qui maintiennent un pH acide (environ 3,8‑4,5), et des espèces pathogènes comme Gardnerella vaginalis. Quand les lactobacilles diminueront, Gardnerella et d’autres anaérobies prolifèrent, augmentant le pH vaginal et produisant des composés volatils à l’origine de l’odeur de poisson caractéristique.
Le diagnostic clinique s’appuie sur trois critères (Amsel): dépôts grisâtres, odeur «poisson» après addition d’eau, pH >4,5 et présence d’un «filament de soie» au microscope. En laboratoire, le score de Nugent (0‑10) analyse la proportion de bactéries Lactobacillus, Gardnerella et Mobiluncus pour confirmer le diagnostic.
Peut‑elle être asymptomatique?
Oui. Des études longitudinales menées en 2022 auprès de 2300 femmes en âge de procréer ont montré que près de 30% des cas diagnostiqués par prélèvement n’avaient déclaré aucun symptôme. Cette forme silencieuse passe souvent inaperçue car les femmes ne ressentent ni odeur ni gêne. Pourtant, l’infection persiste et peut évoluer.
Pourquoi certaines patientes restent asymptomatiques? Trois facteurs principaux:
- Variabilité du microbiote: chez certaines femmes, la prolifération de Gardnerella ne génère pas d’odeur notable.
- Différences hormonales: les fluctuations d’œstrogènes influencent la production de mucus cervical, masquant les symptômes.
- Seuil de perception individuel: la sensibilité olfactive et la tolérance aux changements de consistance varient d’une personne à l’autre.
Comment diagnostiquer une vaginose bactérienne sans symptômes?
Le dépistage repose sur le prélèvement vaginal. Une infirmière insère un écouvillon dans le tiers supérieur du vagin, évitant de toucher le col pour ne pas biaiser les résultats. L’échantillon est ensuite analysé sous deux angles:
- Microscopie à Gram: recherche de formes bactériennes caractéristiques.
- Test d’amines (whiff test): ajout d’une solution de potassium hydroxide qui, en présence de composés amines, libère une odeur de poisson.
Lorsque le pH est supérieur à 4,5 et que le test d’amines est positif, même sans plainte, le diagnostic de vaginose bactérienne asymptomatique est posé.

Complications liées à la forme asymptomatique
Ignorer une infection silencieuse augmente les risques de plusieurs problèmes:
- Grossesse: la vaginose bactérienne augmente de 40% la probabilité de prématurité et de rupture prématurée des membranes.
- Fertilité: le déséquilibre microbiologique peut altérer l’environnement cervical, rendant la pénétration des spermatozoïdes plus difficile.
- Co‑infection avec des IST: les femmes porteuses de vaginose bactérienne sont deux fois plus susceptibles de contracter le VIH ou le virus de l’herpès.
Ces données incitent les gynécologues à recommander le dépistage systématique chez les femmes en âge de procréer, même sans gêne.
Traitement et prévention
Le traitement de première ligne reste le métronidazole oral (500mg deux fois par jour pendant 7 jours) ou en gel vaginal. Même en l’absence de symptômes, la prise de l’antibiotique est recommandée afin de rétablir l’équilibre lactobacillaire et d’éviter les complications décrites ci‑dessus.
Après la cure, le rétablissement du microbiote naturel est crucial:
- Consommer des probiotiques contenant Lactobacillus crispatus ou reuteri.
- Éviter les douches vaginales et les savons parfumés qui perturbent le pH.
- Limiter les rapports sexuels non protégés et l’usage d’anneaux contraceptifs qui favorisent la rétention d’humidité.
En cas de récidive, le médecin pourra proposer une combinaison de métronidazole suivi d’un probiotique pendant 30jours, ou bien envisager le clindamycine comme alternative.
Tableau comparatif : vaginose bactérienne symptomatique vs asymptomatique
Aspect | Symptomatique | Asymptomatique |
---|---|---|
Odeur | Présente (odeur de poisson) | Absente ou très faible |
Aspect des pertes | Grisâtres, fluide | Normal ou légèrement trouble |
pH vaginal | >4,5 | >4,5 (identique) |
Score Nugent | 7‑10 | 7‑10 (identique) |
Risques de complications | Élevés (infection ascendante) | Élevés, mais souvent non détectés |
Checklist : que faire si vous suspectez une vaginose bactérienne
- Planifier un prélèvement vaginal chez votre gynécologue.
- Vérifier le pH vaginal (doit être ≤4,5 pour un microbiote sain).
- Si le diagnostic confirme une infection, suivre le traitement au métronidazole même sans symptômes.
- Après la cure, introduire des probiotiques et ajuster les habitudes d’hygiène.
- Réaliser un suivi à 1 mois pour s’assurer de la rémission du déséquilibre.

FAQ
La vaginose bactérienne peut‑elle disparaître sans traitement?
Dans de rares cas, le microbiote rétablit son équilibre naturellement, mais le risque de récidive ou de complications (notamment pendant la grossesse) reste élevé. Un traitement antibiotique, même en l’absence de symptômes, est généralement recommandé.
Quel est le délai optimal pour refaire un test après le traitement?
Un contrôle de routine est conseillé 2 à 4 semaines après la fin du traitement pour vérifier le pH et le score de Nugent.
Les douches vaginales aident‑elles à prévenir la vaginose bactérienne?
Au contraire, elles perturbent le pH et éliminent les lactobacilles protecteurs, augmentant le risque d’infection.
Puis‑je concevoir si j’ai une vaginose bactérienne asymptomatique?
Oui, mais le risque de rupture prématurée des membranes et de naissance prématurée est plus élevé. Un traitement précoce réduit significativement ces risques.
Quel rôle jouent les probiotiques dans la prévention?
Les souches contenant Lactobacillus crispatus aident à recoloniser le vagin, à abaisser le pH et à empêcher la repopulation de Gardnerella. Ils sont souvent recommandés après le traitement antibiotique.
En résumé, même si aucune gêne n’est ressentie, la vaginose bactérienne mérite attention. Un dépistage simple, un traitement efficace et des mesures préventives permettent de protéger la santé intime et reproductive.