Si vous prenez des stéroïdes depuis plusieurs mois, vos os pourraient devenir plus fragiles sans que vous vous en rendiez compte. Les stéroïdes, même pris à faible dose, affaiblissent la structure osseuse en ralentissant la formation de nouveaux os et en accélérant leur perte. C’est ce qu’on appelle l’ostéoporose induite par les stéroïdes. Et ce n’est pas une complication rare : jusqu’à 30 % des patients sous traitement chronique développent des fractures osseuses, souvent sans chute ni traumatisme. La bonne nouvelle ? Il existe un traitement éprouvé : le residronate.
Comment les stéroïdes attaquent vos os
Les glucocorticoïdes - comme la prednisone ou le méthylprednisolone - sont puissants pour calmer l’inflammation. Mais ils ont un prix. Ils réduisent l’activité des ostéoblastes, les cellules qui construisent les os. En même temps, ils stimulent les ostéoclastes, les cellules qui les détruisent. Résultat : un déséquilibre total. Vos os perdent de la densité, deviennent poreux, et les micro-fissures ne se réparent plus.
Le risque est le plus élevé pendant les six premiers mois de traitement. Après un an, la perte osseuse peut atteindre 5 à 10 %. Et contrairement à l’ostéoporose post-ménopausique, celle induite par les stéroïdes touche aussi les hommes et les jeunes adultes. Les vertèbres, les côtes et les hanches sont les plus vulnérables. Une fracture de la colonne peut se produire simplement en se penchant pour prendre un objet.
Le residronate : comment ça marche ?
Le residronate est un bisphosphonate. Ce n’est pas un médicament qui fabrique de nouveaux os, mais il bloque la dégradation des os existants. Il se fixe directement sur les surfaces osseuses où la déminéralisation a lieu. Là, il désactive les ostéoclastes, les cellules responsables de la dégradation. En ralentissant cette destruction, il permet aux ostéoblastes de rattraper le retard et de renforcer progressivement la structure osseuse.
Des études cliniques menées sur plus de 1 200 patients sous stéroïdes ont montré que le residronate augmente la densité minérale osseuse (DMO) de 4 à 7 % au bout d’un an, et de jusqu’à 10 % après deux ans. Ce n’est pas une cure, mais une protection durable. Dans ces mêmes études, les fractures vertébrales ont diminué de 40 à 50 % chez les patients traités par residronate par rapport à ceux qui n’ont pris aucun traitement.
Comment prendre le residronate pour qu’il soit efficace
Prendre le residronate comme un comprimé ordinaire, c’est le rendre inutile. Il faut suivre des règles strictes, sinon il ne sera pas absorbé.
- Prenez-le le matin, à jeun, avec un verre d’eau pure (au moins 200 ml).
- Restez debout ou assis pendant 30 minutes après la prise. Allongez-vous, et le médicament peut irriter l’œsophage.
- Attendez au moins 30 minutes avant de manger, boire autre chose que de l’eau, ou prendre un autre médicament.
- Ne prenez pas de compléments de calcium ou de vitamine D en même temps. Ils bloquent l’absorption du residronate.
La dose courante est de 5 mg par jour, ou 35 mg une fois par semaine. La version hebdomadaire est souvent préférée : moins de risques d’oublis, moins d’effets secondaires gastro-intestinaux. Votre médecin choisira la posologie selon votre âge, votre poids, et la durée de votre traitement aux stéroïdes.
Les autres traitements : pourquoi choisir le residronate ?
Il existe d’autres options pour traiter l’ostéoporose induite par les stéroïdes. Mais toutes ne sont pas aussi adaptées.
| Traitement | Effet sur la DMO | Fréquence de prise | Effets secondaires courants | Adapté aux stéroïdes ? |
|---|---|---|---|---|
| Residronate | +4 à 10 % en 1-2 ans | Journalier ou hebdomadaire | Brûlures d’estomac, douleurs musculaires | Oui, recommandé en première ligne |
| Risedronate | +3 à 8 % | Journalier ou hebdomadaire | Similar au residronate | Oui, alternative efficace |
| Acide zoédroique | +5 à 9 % | Hebdomadaire | Maux de tête, douleurs articulaires | Oui, mais moins étudié |
| Denosumab (Prolia) | +6 à 11 % | Injections tous les 6 mois | Infections, baisse du calcium | Oui, pour les intolérants aux bisphosphonates |
| Vitamine D + Calcium | +1 à 2 % (seuls) | Journalier | Constipation, gaz | Non, insuffisant comme traitement unique |
Le residronate reste la référence parce qu’il est oral, bon marché, bien étudié chez les patients sous stéroïdes, et qu’il réduit les fractures de manière claire. Le denosumab est une bonne alternative si vous ne supportez pas les bisphosphonates, mais il nécessite des injections et un suivi rigoureux du taux de calcium. Le calcium et la vitamine D, bien qu’essentiels, ne suffisent jamais seuls. Ils sont un complément, pas un traitement.
Les effets secondaires : à surveiller
Le residronate est bien toléré par la plupart des gens. Mais certains effets peuvent apparaître.
- Brûlures d’estomac ou douleurs œsophagiennes : c’est la cause la plus fréquente d’arrêt du traitement. Suivez les règles de prise : à jeun, debout, avec beaucoup d’eau.
- Douleurs musculaires ou articulaires : passagères, souvent après les premières semaines.
- Chute du taux de calcium : rare, mais possible chez les personnes déjà déficientes en vitamine D. Votre médecin doit vérifier ce taux avant de commencer.
- Ostéonécrose de la mâchoire : très rare, surtout chez les patients avec des problèmes dentaires ou qui subissent une extraction. Informez votre dentiste que vous prenez du residronate.
- Fractures atypiques du fémur : extrêmement rares, après plus de 5 ans d’utilisation. Elles se produisent sans traumatisme, souvent avec une douleur à la cuisse avant la fracture.
Si vous avez des douleurs persistantes dans la cuisse, le bassin ou la mâchoire, parlez-en à votre médecin. Mais ne vous arrêtez pas seul. Un arrêt brutal peut augmenter le risque de fracture.
Combien de temps faut-il prendre le residronate ?
Il n’y a pas de durée fixe. Cela dépend de votre traitement aux stéroïdes. Si vous arrêtez les stéroïdes après 6 mois, vous pourriez arrêter le residronate après 1 à 2 ans. Si vous êtes sous stéroïdes à long terme - par exemple pour un lupus ou une maladie pulmonaire chronique - vous pourriez en avoir besoin pendant plusieurs années.
Des études montrent que les bénéfices persistent même après l’arrêt du residronate, tant que la perte osseuse liée aux stéroïdes n’est pas réactivée. Votre médecin évaluera la densité osseuse tous les 1 à 2 ans avec une ostéodensitométrie. C’est la seule façon de savoir si le traitement fonctionne.
Que faire en plus du residronate ?
Le médicament seul ne suffit pas. Vous devez renforcer vos os par d’autres moyens.
- Prenez 1 000 à 1 200 mg de calcium par jour (aliments ou compléments).
- Assurez-vous d’avoir au moins 800 UI de vitamine D par jour. En France, beaucoup de personnes sont déficientes, surtout en hiver.
- Faites de l’exercice régulier : marche rapide, escaliers, musculation légère. Les os ont besoin de contraintes pour se renforcer.
- Évitez l’alcool en excès et ne fumez pas. Les deux accélèrent la perte osseuse.
- Éliminez les chutes : installez des rampes, retirez les tapis glissants, utilisez une lampe de chevet.
La combinaison de residronate + calcium + vitamine D + exercice réduit le risque de fracture de plus de 60 % chez les patients sous stéroïdes. C’est la meilleure stratégie.
Les patients qui ne devraient pas prendre le residronate
Ce traitement n’est pas pour tout le monde. Il est contre-indiqué si vous avez :
- Un trouble de l’œsophage (comme un reflux sévère ou une sténose)
- Une insuffisance rénale grave (clairance de la créatinine en dessous de 30-35 ml/min)
- Une hypocalcémie non corrigée
- Une intolérance connue aux bisphosphonates
Si vous avez des dents abîmées ou que vous prévoyez une extraction dentaire, parlez-en à votre médecin. Il pourrait vous conseiller d’attendre ou de choisir une autre option.
Le residronate peut-il guérir l’ostéoporose induite par les stéroïdes ?
Non, il ne guérit pas. Il ralentit la perte osseuse et permet une légère reconstruction. L’objectif est de prévenir les fractures, pas de retrouver une densité osseuse normale. Même avec un traitement, les os restent plus fragiles que chez une personne non traitée par stéroïdes. La prévention reste la clé.
Puis-je prendre du residronate si je suis enceinte ?
Non. Le residronate est contre-indiqué pendant la grossesse et l’allaitement. Il peut rester dans l’organisme pendant des années et traverser le placenta. Si vous prévoyez une grossesse, discutez avec votre médecin d’un plan de transition vers d’autres mesures de protection osseuse.
Le residronate est-il remboursé en France ?
Oui, le residronate est remboursé à 65 % par la Sécurité sociale en France pour les indications d’ostéoporose induite par les stéroïdes, sur présentation d’une ordonnance. Il existe des génériques peu coûteux, souvent moins de 1 euro par jour.
Combien de temps faut-il attendre pour voir les effets du residronate ?
Les effets sur la densité osseuse ne sont visibles qu’après 6 à 12 mois. Mais la protection contre les fractures commence plus tôt, dès les premiers mois. Ne vous découragez pas si vous ne ressentez rien. Le residronate agit en silence, en protégeant vos os de l’intérieur.
Qu’est-ce qui se passe si j’oublie une dose ?
Si vous oubliez une dose journalière, prenez-la dès que vous vous en souvenez, mais seulement si c’est avant le repas du jour. Sinon, sautez-la et reprenez votre programme normal le lendemain. Pour la dose hebdomadaire, prenez-la dès que vous vous en souvenez, mais pas deux fois dans la même semaine. Ne doublez jamais la dose.
Prochaines étapes : ce que vous devez faire maintenant
Si vous êtes sous stéroïdes depuis plus de trois mois :
- Parlez à votre médecin de la possibilité d’une ostéoporose induite par les stéroïdes.
- Demandez une ostéodensitométrie (DEXA) pour mesurer votre densité osseuse.
- Si vous avez un risque élevé, demandez si le residronate est adapté à votre cas.
- Si vous commencez le traitement, suivez strictement les règles de prise.
- Prenez votre calcium et votre vitamine D tous les jours, même si vous n’avez pas faim.
Ne laissez pas vos os devenir un effet secondaire invisible. Avec le residronate, une bonne hygiène de vie, et un suivi régulier, vous pouvez continuer à vivre sans crainte de fracture.