Vous avez commencé à avoir des hoquets après avoir pris un nouveau médicament ? Ce n’est pas une coïncidence. Les hoquets, ces contractions involontaires du diaphragme qui produisent ce fameux « hic ! », ne sont pas toujours innocents. Quand ils durent plus de 48 heures, ils peuvent devenir un véritable cauchemar : vous ne dormez plus, vous ne mangez plus, vous êtes épuisé. Et la plupart du temps, personne ne pense à relier ça à votre traitement. Pourtant, plusieurs médicaments courants sont connus pour les déclencher - et il existe des solutions réelles.
Quels médicaments provoquent vraiment les hoquets ?
La plupart des gens pensent que les hoquets viennent d’un repas trop rapide ou d’un excès de gaz. Mais dans 5 à 10 % des cas chroniques, la cause est médicamenteuse. Et certains traitements sont bien plus à risque que d’autres.
Les corticostéroïdes, notamment la dexaméthasone, sont les principaux coupables. Dans un essai clinique taïwanais, 41,2 % des patients recevant de la dexaméthasone avec un chimiothérapeutique comme le cisplatine ont développé des hoquets persistants. Même une dose de 4 mg par jour peut suffire. La prednisone, bien que moins puissante, est aussi impliquée. Pourquoi ? Ces médicaments agissent sur les récepteurs stéroïdiens dans la moelle allongée, la région du cerveau qui contrôle le réflexe des hoquets.
Les opioïdes, comme la morphine, sont une autre cause fréquente, surtout chez les patients en soins palliatifs. Environ 5 à 7 % des personnes qui les prennent pour la douleur chronique développent des hoquets. Ce n’est pas seulement une question de nerfs : les opioïdes peuvent aussi provoquer une distension gastrique, ce qui stimule le nerf vague et déclenche le réflexe.
Les benzodiazépines comme le midazolam, souvent utilisées avant une chirurgie, provoquent des hoquets chez 8 à 12 % des patients. Les antibiotiques comme l’azithromycine ou la moxifloxacine sont moins courants, mais des cas ont été documentés - notamment chez des patients atteints de tuberculose pleurale.
Le problème ? Ces effets secondaires ne sont presque jamais mentionnés sur les notices. Un médecin peut passer à côté. Une étude de 2019 a montré que 35 % des cas de hoquets médicamenteux sont mal diagnostiqués - on pense à une infection, à un reflux, à un trouble neurologique… alors que tout vient d’un simple médicament.
Comment les médicaments déclenchent les hoquets ?
Ce n’est pas une question de hasard. Il y a un circuit précis dans votre cerveau et votre nerf diaphragmatique qui, une fois perturbé, déclenche le hoquet. Ce circuit, appelé arc réflexe du hoquet, implique trois parties : les nerfs qui envoient le signal (vague et phrénique), le centre de traitement dans la moelle allongée, et le nerf phrénique qui fait contracter le diaphragme.
Les corticostéroïdes activent des récepteurs dans cette zone centrale. Les opioïdes ralentissent le transit gastro-intestinal, ce qui gonfle l’estomac et appuie sur le nerf vague. Les benzodiazépines modifient l’équilibre des neurotransmetteurs comme le GABA, qui régule les contractions musculaires. Même les antibiotiques peuvent interférer avec les signaux nerveux, bien que ce soit plus rare.
La dose compte aussi. Une petite dose de dexaméthasone peut ne rien provoquer chez certains, mais déclencher des hoquets chez d’autres. Les patients atteints de cancer, en particulier ceux qui reçoivent des chimiothérapies combinées, sont plus vulnérables. Et les hommes semblent plus touchés - dans les études, plus de 97 % des cas liés à la dexaméthasone concernent des hommes.
Que faire quand les hoquets commencent ?
La première règle : ne paniquez pas. La plupart des hoquets liés aux médicaments disparaissent d’eux-mêmes en moins de 48 heures. Mais si ça dure, agissez.
Commencez par les solutions simples, sans médicament. Elles fonctionnent souvent mieux que vous ne le pensez :
- Avalez une cuillère à café de sucre en grains - cela stimule le nerf vague et arrête le réflexe dans 72 % des cas.
- Gargarisez-vous avec de l’eau glacée. La température froide ralentit les signaux nerveux.
- Retenez votre respiration pendant 10 à 15 secondes, puis expirez lentement. Répétez 3 fois.
- Avalez un verre d’eau rapidement, la tête penchée en avant. Cela déclenche un réflexe de déglutition qui interrompt le hoquet.
Si ces méthodes ne marchent pas après 24 heures, consultez votre médecin. Ne continuez pas à prendre le médicament en espérant que ça passera. Il faut évaluer la relation entre le traitement et les hoquets. L’échelle de Naranjo est un outil simple utilisé par les professionnels pour déterminer si un médicament est probablement responsable. Elle prend en compte le moment où les hoquets ont commencé, s’ils ont disparu après l’arrêt du médicament, et s’ils sont réapparus après une réintroduction.
Quand faut-il changer de traitement ?
Si les hoquets persistent, la meilleure solution est souvent d’ajuster le traitement. Mais ce n’est pas toujours possible. Un patient en chimiothérapie ne peut pas arrêter la dexaméthasone - elle empêche les nausées et les vomissements causés par le cisplatine.
Dans ces cas, on utilise des médicaments pour bloquer les hoquets. Le baclofène est le premier choix. C’est un muscle relaxant qui agit sur les récepteurs GABA-B, justement ceux impliqués dans le réflexe des hoquets. Une dose de 5 mg trois fois par jour résout les hoquets chez 60 à 70 % des patients. Dans l’essai taïwanais, donner 5 mg deux fois par jour en prévention a réduit le taux de hoquets de 41,2 % à seulement 12,7 %.
Le chlorpromazine (Thorazine) est le seul médicament approuvé par la FDA pour traiter les hoquets persistants. Il agit sur les récepteurs de la dopamine D3, très impliqués dans ce réflexe. Mais il a des effets secondaires : somnolence, baisse de la tension artérielle, mouvements involontaires. On l’utilise donc en dernier recours, à 25 à 50 mg par jour.
Un nouveau traitement est en cours d’évaluation : un agoniste GABA-B appelé GBX-204. En phase 3, il a résolu 82 % des hoquets intractables, contre 63 % pour le baclofène. Il pourrait être disponible d’ici 2026.
Les erreurs à éviter
Beaucoup de patients font des erreurs qui prolongent les hoquets :
- Ne pas signaler les hoquets à leur médecin - ils pensent que c’est « juste un petit inconfort ».
- Continuer à prendre le médicament en espérant que ça passera - alors que l’arrêt ou la réduction de dose pourrait tout résoudre.
- Essayer des remèdes de grand-mère inefficaces : le citron, le lait, le sucre en poudre… Le sucre en grains fonctionne, mais le sucre en poudre, non.
- Prendre des médicaments sans ordonnance pour arrêter les hoquets - certains antihistaminiques ou antispasmodiques peuvent aggraver le problème.
Et surtout : ne faites pas d’examens inutiles. Une IRM du cerveau, une échographie abdominale… ces examens sont souvent prescrits à tort. Si les hoquets commencent juste après un changement de médicament, la cause est probablement médicamenteuse. Pas neurologique. Pas gastro-intestinale. Juste pharmacologique.
Comment éviter les hoquets avant qu’ils ne commencent ?
Si vous êtes en chimiothérapie ou si vous prenez des corticostéroïdes à long terme, parlez à votre médecin de la prévention. Ce n’est pas seulement une question de traitement - c’est une question de qualité de vie.
De plus en plus de centres oncologiques utilisent désormais un score d’évaluation des hoquets (HSS) pour suivre les patients. Dans 67 % des centres en 2023, ce score est intégré au suivi. Cela permet d’agir avant que les hoquets ne deviennent invalidants.
En pratique : si vous allez commencer un traitement à risque, demandez si une dose prophylactique de baclofène (5 mg deux fois par jour) peut être prescrite dès le début. Cela peut réduire votre risque de hoquets de plus de 70 %.
Et si vous êtes déjà en train d’avoir des hoquets ? Notez la date de début, le médicament concerné, la dose, et comment ça évolue. Ces détails aident votre médecin à faire le lien plus vite.
Le futur des hoquets médicamenteux
Depuis 2024, les hoquets induits par les médicaments ont leur propre code ICD-10 : R09.2-MIH. Cela veut dire que les médecins doivent maintenant les documenter officiellement. C’est un changement majeur. Ça va permettre de mieux comprendre leur fréquence, d’identifier les médicaments les plus à risque, et d’améliorer les notices.
Les autorités sanitaires ont aussi changé. La FDA a mis à jour les notices de la dexaméthasone en 2021 pour y inclure les hoquets comme réaction cliniquement significative. L’Agence européenne des médicaments exige désormais des données sur les hoquets pour tous les nouveaux corticostéroïdes et médicaments agissant sur le système nerveux central.
Le marché mondial des traitements contre les hoquets vaut déjà 187,5 millions de dollars. Et il va augmenter. Parce que les gens ne veulent plus souffrir pour rien. Et les médecins commencent à comprendre : un hoquet, ce n’est pas juste un petit tic. C’est un signal. Un signal que quelque chose dans votre traitement ne va pas.
Vous n’êtes pas fou. Vous n’avez pas un problème neurologique. Vous avez juste pris un médicament qui, pour une raison précise, perturbe un réflexe ancien de votre corps. Et il y a une solution.
Les hoquets causés par les médicaments peuvent-ils disparaître sans traitement ?
Oui, dans 65 % des cas, les hoquets liés aux médicaments disparaissent spontanément en moins de 48 heures, surtout si le médicament est à courte durée d’action. Mais si les hoquets persistent au-delà de 48 heures, il est crucial d’agir. Attendre peut entraîner une perte de poids, de la déshydratation, et une détérioration du sommeil. Ne comptez pas sur la guérison spontanée si ça dure.
Le sucre en grains fonctionne-t-il vraiment pour arrêter les hoquets ?
Oui, et c’est l’une des méthodes les plus étudiées. Une étude de 2021 publiée dans le JAMA Internal Medicine a montré que 72 % des personnes ayant avalé une cuillère à café de sucre en grains ont vu leurs hoquets s’arrêter en moins de 2 minutes. Le sucre en poudre ne fonctionne pas. Il faut des grains pour stimuler les récepteurs nerveux au fond de la gorge. C’est un remède simple, sans risque, et très efficace.
Pourquoi la dexaméthasone provoque-t-elle autant de hoquets ?
La dexaméthasone active les récepteurs stéroïdiens dans la moelle allongée, la région du cerveau qui contrôle le réflexe du hoquet. Elle modifie la transmission nerveuse dans le circuit du hoquet, ce qui déclenche des contractions involontaires du diaphragme. Ce n’est pas une réaction allergique - c’est une action directe sur le système nerveux. C’est pourquoi elle est plus à risque que d’autres corticostéroïdes comme la prednisone.
Le baclofène est-il dangereux pour traiter les hoquets ?
Le baclofène est généralement bien toléré, surtout à faible dose (5 mg). Les effets secondaires les plus courants sont la somnolence et la faiblesse musculaire, mais ils sont souvent légers et passagers. Il est beaucoup plus sûr que le chlorpromazine, qui peut provoquer des troubles du mouvement ou une baisse de la pression artérielle. Le baclofène est le traitement de première ligne pour les hoquets induits par les corticostéroïdes.
Puis-je arrêter mon médicament moi-même si j’ai des hoquets ?
Non. Ne cessez jamais un traitement sans consulter votre médecin, surtout si c’est un médicament pour le cancer, la douleur chronique ou une maladie auto-immune. Arrêter brutalement peut être dangereux. Parlez à votre médecin : il peut réduire la dose, changer de médicament, ou vous prescrire un traitement pour bloquer les hoquets sans interrompre votre traitement principal.
3 Commentaires
je viens de me rendre compte que j’ai eu des hoquets pendant 3 jours après ma dose de dexaméthasone… j’ai cru que c’était le stress ou que j’avais avalé une mauvaise bouchée. j’aurais dû penser au médicament. merci pour ce post, j’ai tout de suite essayé le sucre en grains et ça a marché en 30 secondes 😅
je trouve ça incroyable que ce soit si peu connu. j’ai un cousin en chimio qui a souffert pendant des semaines, et personne n’a jamais évoqué cette possibilité. les médecins disent toujours « c’est normal, ça passera »… mais non, ce n’est pas normal, c’est un signal. merci d’avoir mis ça en lumière.
ah oui, le fameux arc réflexe du hoquet… fascinant, non ? Ce n’est pas simplement un « hic » banal, c’est une dissonance neuro-chimique profonde dans le tronc cérébral. La dexaméthasone, en tant que corticostéroïde synthétique à haut pouvoir glucocorticoïde, exerce une action directe sur les récepteurs GR dans la région dorsale de la moelle allongée, perturbant l’équilibre GABA-glutamate. C’est de la neuropharmacologie pure, mes amis. Et pourtant, les gens continuent de croire que le citron ou le lait vont régler ça. 😒